Le BARNES Magazine Automne-hiver 2024 : Interview exclusive de Sarah Marquis, exploratrice Suisse inspirante
Kimberley, Australie. Expédition de survie - Sarah Marquis
Comment, d’une enfance dans le Val Terbi, à la lisière de la forêt dans un village comme « coupé du monde », devient-on exploratrice ? Justement, on ne le devient pas, « on est/naît explorateur », affirme Sarah Marquis.
Pour comprendre le sens de ce postulat, il faut aller au-delà des mots. Entrer dans la profondeur de l’âme, substrat essentiel de toute la philosophie de vie de celle qui fut, en 2014, nommée Aventurière de l’année par le National Geographic. Voir au-delà des performances, pour ne garder que le plus important, le moteur de chacune de ses expéditions hors norme au coeur des territoires hostiles : se dépasser intérieurement et son corollaire « se connaître soi-même ». Un challenge bien plus grand que la (simple) performance physique, où la clé réside dans la lecture parfaite du territoire, qui ne peut se faire qu’en « ne faisant qu’un avec lui ». Immersion dans le monde de Sarah Marquis.
De 18 à 27 ans vous voyagez, avant votre première expédition à l’âge de 28 ans, une traversée des États-Unis à pied du nord au sud, soit 4’260 kilomètres parcourus pour une durée totale de quatre mois et six jours. À quel moment avez-vous décidé que c’était maintenant, avec cette expédition, que vous alliez mettre en pratique de manière plus grande ce qui vous habite, ce « gène explorateur » ?
C’est drôle car il y a quelques semaines, dans un magasin, une personne m’a interpellée, que je n’avais pas vue depuis vingt-cinq ans. En la voyant est remonté le souvenir du « déclic » de cette expédition. Car c’est cette même personne qui m’a offert, en 1999, un ouvrage racontant l’histoire d’un homme ayant fait le PCT (Pacific Crest Trail) aux États-Unis. De là j’ai décidé de partir sur ce continent, et de le traverser à pied, seule, de la frontière canadienne à la frontière mexicaine. Ensuite, la société m’a étiquetée d’« aventurière », puis d’« exploratrice », mais je suis toujours restée cette même gamine qui croque la vie
à pleines dents, curieuse de tout.